La découverte des vertus de l’iode pour la thyroïde
Jusqu’au XIXème siècle, les habitants des régions éloignées des territoires naturellement iodés sont victimes de problèmes de thyroïde et de crétinisme. Dès le milieu du XVIIIème siècle, pour y remédier, le médecin anglais Richard Russel préconise les séjours à la mer. Mais c’est en 1820 que le Docteur genevois Jean-François Coindet établit scientifiquement que ces maladies liées à la thyroïde résultent d’un manque d’iode dans l’alimentation des populations éloignées de la mer ou d’une source d’eau thermale naturellement iodée. En administrant de l’iode aux malades souffrant de troubles de la thyroïde, il parvient à les guérir en quelques semaines. L’iode commence à être administré chez les femmes enceintes dans les régions éloignées des côtes afin de prévenir du crétinisme des nouveaux nés. En effet, l’étiologie des retards de développement des fœtus est enfin reconnu être la conséquence d’un manque d’iode chez les mères des enfants atteints de cette « maladie ». Ces résultats suscitent un formidable engouement pour les bords de mer et les sites disposant d’une source minérale d’eau iodée sur le territoire européen*.
Comment l’iode entraine l’urbanisation des territoires
Au XIXème siècle, la découverte des vertus curatives de l’iode transforme des territoires relativement peu peuplés jusqu’alors : les bords de mer et les régions montagneuses. Pour permettre aux malades d’atteindre ces sites naturellement iodés, un réseau ferré se développe. Les promoteurs immobiliers des stations balnéaires travaillent d’entente avec les compagnies ferroviaires, encore privées jusqu’à leur nationalisation en 1937. Avec l’introduction de l’iode dans le sel de table à partir des années 1920, les plages des mers du Nord sont délaissées au profit de celles, plus ensoleillées du sud. L’iode a donc été un vecteur important de l’urbanisation des territoires ce qui est peu connu à l’heure actuelle.
Aujourd’hui, les carences en iodes restent encore trop fréquentes
Le Docteur Didier Cosserat, très investi dans la prise en charge des patients thyroïdiens, indique que, selon l’OMS, les besoins en iode dans le monde sont encore aujourd’hui insuffisants et s’aggravent, y compris dans les pays développés. Le sel iodé ne suffit pas toujours à couvrir les besoins (15 à 20% des apports). La consommation excessive de sel diminue heureusement depuis 2 à 3 décennies, la quantité d’iode dans le sel devrait donc être augmentée et il faudrait envisager aussi une supplémentation sous une autre forme.
Pour le Docteur Cosserat, le contrôle par une iodurie des 24 heures permet de vérifier l’existence d’une carence, d’adapter et de recontrôler après la mise en place d’une éventuelle supplémentation. Avant d’effectuer cette analyse d’urine, il est recommandé un régime stable dans les 3 jours qui précèdent, sans fruits de mer ni trop de sel iodé.
Il indique que ce contrôle est très important chez la femme en période pré conceptionnelle, enceinte et allaitante pour prévenir l’avenir cognitif de son enfant. Ses besoins quotidiens sont de 200 à 250 microgrammes/jour, contre 150 pour un adulte et environ 120 chez l’enfant selon l’âge.
Il est important de se rappeler que le sel marin (sel de Ghérande par exemple) et le sel de l’Himalaya ne contiennent de l’iode qu’à l’état de trace.
Il précise enfin qu’une attention particulière doit être apporté pour vérifier de ne pas être sous ou sur-dosé chez les personnes touchées par des thyroïdites d’origine auto-immunes (Basedow et Hashimoto).
*Extrait du Rapport « Enquête sur le goitre et le crétinisme » par le Docteur Jules Baillarger, Paris, Librairie J.B Baillière et Fils, 1873
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